C'est la rentrée des classes mais c'est aussi la rentrée pour les champignons !!!
N’assombrissons pas cette rentrée avec des champignons, du type bombe atomique !!!
Parlons plutôt du bonus que nous offre la nature, notamment en cette fin d’été. La cueillette des cèpes, chanterelles, girofles et autres trompettes des morts est un véritable bonheur pour
certains. La récolte des fruits spontanés de la nature reste une tradition profondément ancrée dans les cultures populaires, et permet d’attiser la curiosité envers le milieu, donne envie de
mieux le comprendre pour dénicher les meilleurs sites à champignons. Il faut aussi apprendre à les reconnaître car l’erreur se paye cher. Les champignons
représentent une porte d’entrée dans le monde de la nature, une approche à la fois populaire et savante des milieux et de leur complexité. C’est aussi un revenu, complément bienvenu dans les
campagnes, avec parfois des abus, l’exploitation à outrance de la ressource, avec le risque de tuer la poule aux œufs d’or. C’est un équilibre à trouver, et qui peut conduire à l’adoption de
techniques particulières d’exploitation, agricole ou forestière à la recherche du double dividende que le développement durable suggère. C’est ainsi que, par exemple, la truffe vient au secours
de la forêt méditerranéenne, avec la sylviculture truffière.
D’une vision presque bucolique de la cueillette, nous sommes ainsi parvenus à une approche technique et
économique, ce qui serait dommage s’il n’y avait pas aussi la sauvegarde de territoires, de paysages, de traditions culinaires.
Poussons plus loin dans cette logique de valorisation du champignon, cet être bizarre aux formes
multiples, qui n’est pas un animal mais n’est pas vraiment un végétal enraciné dans sa terre. C’est la truffe, qui se développe en symbiose et vit heureuse auprès de son arbre, c’est aussi le
mildiou qui circule au gré des vents et fait bien des ravages. Il y a de nombreuses familles de champignons, inférieurs et supérieurs, et les chercheurs s’y sont intéressés depuis longtemps. On
pense à la Pénicilline, qui a révolutionné la médecine, ou aux mille formes d’ensemencement des fromages : c’est un peu comme le sel, il n’en faut pas beaucoup pour transformer un plat.
Le champignon agit fortement sur son environnement, il réagit aux évènements qui s’y passent. Pour revenir un instant aux questions nucléaires, il se révèle un des marqueurs les plus
efficaces de la radio activité, et a notamment permis d’analyser le parcours des nuages de Tchernobyl. Les champignons absorbent et concentrent des éléments radio actifs, ou des métaux lourds, ce
qui en fait des précieux auxiliaires pour le repérage des ces produits et parfois la dépollution des sols.
La capacité des champignons à transformer leur milieu est étudiée pour casser des molécules, pour opérer
des transformations chimiques. La transformation de végétaux en énergie facile à stocker et à utiliser est à l’étude, pour produire des carburants issus de la biomasse avec des rendements
nettement supérieurs à ceux des agro carburants de première génération. Un champignon filamenteux semble à ce titre promis à un bel avenir. C’est le Trichoderma reesei, découvert dans le
pacifique Sud au cours de la deuxième guerre mondiale, où il dévastait les équipements de l’armée américaine contenant du coton. Ce champignon produit des enzymes particulièrement efficaces, qui
s’attaquent à la cellulose pour la transformer en sucres, étape clé dans la production d’agro carburants. D’autres champignons sont mis à contribution pour d’autres étapes, notamment en
amont, pour isoler la cellulose de la lignite. Bref le champignon est partout, et devient un objet technologique de pointe, dont notre développement a bien besoin pour être
durable.
Merci à ces champignons sophistiqués, mais gardons aussi pour la bonne bouche les champignons de la cueillette, des sous bois et des
prés. Le développement durable a aussi besoin de poésie.
Dominique Bidou
Ave les Amycos !!!